Pour l’économie sociale et solidaire, entre l’émancipation et le social business, il faut choisir.

L’affaire de Smart France est emblématique d’une évolution radicale des politiques de l’emploi de notre pays. Smart, et son entreprise de production de spectacle, La Nouvelle Aventure, est une coopérative d’activité et d’emploi qui permet à des travailleu.r.se.s d’échapper en partie à la précarité en étant salarié.e.s d’une coopérative dont ils sont aussi sociétaires et contrôlent la gestion sur le principe d’un.e associé.e, une voix. En lui retirant brutalement sa licence de producteur du spectacle, Pôle emploi interdit aux artistes et techniciens qui créent et diffusent des spectacles dans ce cadre d’avoir accès au statut d’intermittent.

L’objectif de cette décision ? Appuyer une politique pour précariser toujours un peu plus les chômeu.r.se.s, les auto-entrepreneu.r.se.s et tous les intermittent.e.s de l’emploi, en disqualifiant au passage les initiatives de coopération qui pourraient leur permettre d’échapper au flicage et aux injonctions d’accepter n’importe quel emploi.

Pour lutter contre ce déclin social et démocratique, une convergence entre le mouvement coopératif et le mouvement syndical est essentielle.

Elle ne sera possible qu’à condition, pour le mouvement syndical :

    • de ne pas s’arc-bouter sur la cogestion avec l’État,
    • de soutenir les luttes comme celles des livreurs d’UberEat ou Deliveroo
    • et les projets de coopérative mis en place pour ne pas être exploités par les plateformes ; comme toute reprise d’entreprise en coopérative, à l’image de celle qu’avait menée Scop TI.

Et pour l’économie sociale et solidaire :

    • d’abandonner radicalement et définitivement l’idéologie du social business portée par le groupe SOS, le labo de l’ESS, l’ADIE, le Mouves, Ashoka et qui fonde son développement sur la destruction des services publics et de l’État social.
    • d’arrêter de croire que l’on peut ruser avec le capitalisme et que les acteurs de l’ESS seront un corps intermédiaire de substitution aux syndicats.

Le mouvement de l’économie sociale et solidaire se doit de rejoindre le combat de l’émancipation qui a inspiré ses origines.

Minga, le 22 octobre 2020