la coopérative « Libre Informatique » adhère à Minga

 

IMG_9688-mini« Libre Informatique » est une coopérative (Loi 1947) créée en juillet dernier à l’initiative de Baptiste Simon, Bevlhay Ferrand et Mick Loeffel. Elle propose des solutions en logiciel libre pour des établissements publics et privés qui accueillent du public et veulent maîtriser leurs données. Les logiciels libres sont des logiciels qui, contrairement aux logiciels propriétaires, permettent à l’usager d’avoir accès aux sources du logiciel, autrement dit l’équivalent de sa recette de cuisine.

Un logiciel propriétaire, c’est un peu comme si on achète le droit d’utiliser une voiture sans pouvoir soulever le capot du moteur, et que l’on se retrouve dépendant d’un service après-vente «franchisé» dont on ne sait plus si l’on paie un mécano et des pièces, ou la décoration d’un hall d’accueil avec des hôtesses !

http://degooglisons-internet.org/

http://degooglisons-internet.org/

Le logiciel libre n’est pas une solution commerciale alternative au logiciel propriétaire, mais une démarche fondée sur une collaboration ouverte entre une communauté d’informaticiens et d’usagers avertis en informatique. Au-delà de maîtriser les aspects techniques, ces communautés sont aussi des espaces qui réinterrogent nos rapports aux technologies numériques, à savoir par exemple distinguer de vraies avancées techniques et des promesses commerciales sans fondement. Les mises à jour des nouvelles versions de logiciels et des systèmes d’exploitation propriétaire demandent par exemple toujours plus de ressources (mémoire, processeur, espace disque, carte graphique, etc.) qui invitent à renouveler régulièrement son matériel pour réaliser les mêmes tâches. Les logiciels libres réinterrogent l’obscolescence programmée imposée ainsi. Bien que les ordinateurs fonctionnent sans problème pendant plus de 10 ans, les entreprises et les particuliers sont ainsi amenés à les renouveler tous les 3 ou 4 ans.

«Libre Informatique» a été créée il y a 7 ans par Baptiste, informaticien de formation, d’abord sous la forme d’une entreprise individuelle, puis en en tant qu’entrepreneur salarié dans la coopérative d’activité et d’emploi Coopaname. Il a rencontré ses deux collègues au croisement de leur engagement professionnel et de la communauté du logiciel libre de Quimper, le Groupe des Utilisateurs de Linux (GUL). On y reconditionne du matériel souvent performant, mais jugé hors d’usage, et l’on y vient en aide aux particuliers pour installer des distributions GNU/Linux autant que l’on y partage des problèmes techniques de programmation.

Très investi dans les logiciels libres à titre militant, Bevlhay a essayé de promouvoir professionnellement le logiciel libre auprès de particuliers puis de TPE/PME qui rencontraient des problèmes informatiques. Mais l’emprise culturelle des logiciels propriétaires, même quand ils sont objectivement moins performants, plus chers et moins viables, reste très ancrée. La notoriété d’une marque prend malheureusement le pas sur la reconnaissance des qualités intrinsèques du produit. Vouloir offrir à soi seul et sans moyens des prestations de services équivalentes, revient au final à avoir un mode de vie chouette (des nuits devant la lueur d’un écran) et plus de vie privée. C’est ce constat qui conduit Bevlhay à se rapprocher de Baptiste qui faisait face de son côté à une croissance d’activité qu’il avait du mal à maîtriser seul. Quant à Mick, monteur audiovisuel de métier, c’est l’intrusion de l’informatique qui attise sa curiosité et son envie d’en maîtriser les techniques pour les ajuster à son travail (et non de façonner son métier en fonction de l’outil informatique !). Une démarche qui se heurte rapidement aux modèles propriétaires qui lui interdisent l’accès aux codes sources et limitent ses capacités à l’expérimentation. Sauf à restreindre sa curiosité, la conversion de Mick au logiciel libre devient alors une évidence. Commercialisant du matériel d’éclairage LED au sein d’une société qu’il a créée, Mick décide de s’investir dans Libre Informatique pour y défendre son objet et y travailler en tant que commercial.

Alors que Baptiste partage les activités de Minga à titre individuel depuis quelques années (campagnes « Alimentons »), c’est « Libre Informatique » qui adhère aujourd’hui à l’association pour plusieurs raisons :

La première est que, face au modèle économique du Big Data dont la captation gloutonne des données remet en cause la vie privée et les libertés individuelles, et où la place du travail de l’informaticien occupe paradoxalement une fonction résiduelle, se situer dans le monde du travail et contribuer à la reconnaissance des métiers, est une conviction qu’ils partagent avec Minga.

Ils rejoignent également sa remise en cause des technologies quand elles «ne servent plus à améliorer les conditions de travail, à éviter les tâches fastidieuses, pénibles et aliénantes, mais à capter des richesses au profit de quelques-uns, à perpétuer et accentuer des dominations de classes sociales et de genre, à produire des biens qui ne durent pas, voire qui sont nuisibles pour la santé». (positionnement de Minga)

Face aux phénomènes des enclosures ( 1) qui sont très aigus en informatique, « Libre Informatique » partage avec Minga la perspective politique d’un modèle de socialisation des moyens de production et d’échanges qui va à l’encontre d’un modèle économique dominant, fondé sur la privatisation des moyens de production et d’échanges, contribuant à l’envahissement de la sphère marchande à toute la société.

Enfin, parce que l’adhésion à Minga correspond au besoin de relever de temps à autre la tête du seul champ de son activité, pour échanger avec d’autres acteurs sur des enjeux d’intérêt général que recouvrent leurs activités respectives.

Coopération d’informaticiens pour produire des biens

38 Hent Kerlagatu
29000 QUIMPER
@: contact@DOMAINE (remplacer « DOMAINE » par « libre-informatique.fr » , mesure anti-spam)
www.libre-informatique.fr
tel: +33.(0)2 30 96 06 49

 

Note :
(1) enclosure est un terme anglais qui désigne l’action d’enclore un champ, une forêt. Le terme fait référence à un acte de l’aristocratie anglaise qui ferme l’accès de ces champs par des haies et des murets aux éleveurs au XVI siècle, pour faire valoir leur droit de propriété de la terre, qui auparavant était gérée en commun. Les enclosures ont appauvri une armée de paysans devenue une classe laborieuse condamné a vendre leur force de travail dans des filatures pour survivre au début de l’aire industrielle. Les lois anglaises de criminalisation de la pauvreté qui ont accompagné les enclosures ont structuré un marché du travail qui est aux fondements du capitalisme moderne. Dans un ouvrage économique intitulé «The Tragedy of the Commons » publiée en 1968, son auteur Garrett Hardin théorise que la recherche de l’intérêt individuel permet de gérer efficacement une ressource limitée et qu’il ne peut y avoir de modèle économique pertinent sur la base d’un bien commun. Théorie qui a été totalement remise en question par Eleonor Orstom avec Oliver Williamson, dont les travaux leur ont valu le prix Nobel d’économie en 2009 (retour au texte1)

1 réflexion sur « la coopérative « Libre Informatique » adhère à Minga »

  1. Ping : La coopérative « libre Informatique » l’an 01 | Minga Faire Ensemble

Les commentaires sont fermés.