La bio : l’avenir de l’agrobusiness ?

La forte croissance du marché de la bio montre que les citoyens sont de plus en plus préoccupés par la qualité de leur alimentation. En soi, c’est une bonne nouvelle.
Mais cette croissance est-elle en mesure de tirer vers le haut les revenus des agriculteurs (1 sur 3 gagne moins de 350 euros par mois) ? Rien n’est moins sûr.

La concentration et l’industrialisation en cours de la filière alimentaire biologique sont une réalité incontournable qui va singulièrement modifier le paysage dans les deux prochaines années. Que cela plaise ou non, avec 20 % de croissance en un an, la bio est aussi un business qui suscite des appétits féroces dont les impacts se font déjà sentir.

Déjà aujourd’hui, une logique d’intégration est à l’oeuvre dont certains producteurs commencent à faire les frais alors qu’ils pensaient en être préservés.

La distribution, aussi, commence à se modifier et à remettre en cause des magasins spécialisés qui se croyaient solidement implantés, tandis que des grossistes et des transformateurs indépendants, soucieux de promouvoir une bio de proximité, se retrouvent confrontés à des problèmes d’approvisionnement face aux centrales d’achat de la GMS qui s’organisent pour sécuriser les leurs.

Dans le même temps, alors même que la fusion Bayer/Monsanto pose des questions déterminantes sur le sujet de la semence et des OGM « cachés », l’importance des semences de variétés de population passe toujours au second plan.

Et les intérêts agro-industriels vont forcément pousser à niveler par le bas le règlement européen de la bio prévu pour 2018, en vue de favoriser les flux d’importation et d’exportation.

Au final, le risque est grand que cette évolution porte préjudice aux professionnels qui ont le souci de la cohérence écologique, sociale, sont attentifs au bien-être animal et sont les plus responsables à l’égard de l’intérêt général. Mais c’est un horizon loin d’être indépassable.

Rendre toutes les agricultures biologiques est un projet réaliste si l’on considère la force que peuvent avoir des dynamiques de coopérations inter-professionnelles (entre artisans-semenciers, agriculteurs, transformateurs, grossistes, détaillants, restaurateurs, livreurs…) pour affirmer et valoriser une qualité humaine des productions, qui aille au-delà des labels, et une proximité dans les échanges, qui ne se réduise pas à une question de distance géographique.

Les membres de Minga sont ouverts à tous ceux qui souhaitent s’organiser pour renforcer leurs liens de coopération, ne pas subir des logiques d’intégration et développer des filières alimentaires de qualité et de proximité qui s’incarnent dans la diversité des territoires.

AZADE, LA COULEE DOUCE, LE BARA SOUP, MOSCATI, TALIBREIZH,
LA FERME DE KERDROUAL, LA P’TITE EPICERIE, SOLALTER, BOUGA CACAO,
TERRA LIBRA, GRAINES DEL PAIS, ROBINS DES BIOS

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