Archives de catégorie : Coopération

Hausse brutale des prix de l’alimentation et de l’énergie. La transition économique, c’est maintenant  !

La hausse du prix de l’énergie et de denrées alimentaires, couplée à des ruptures d’approvisionnement (bois de construction, composants électroniques, etc.), est une réalité bien concrète dans la vie quotidienne de bon nombre d’entre nous. Nous vivons tous une hausse brutale de l’inflation inédite depuis plus de 40 ans, tellement inquiétante et lourde de conséquences sociales qu’elle est paradoxalement peu présente dans le débat public et absente du débat électoral. Seul un chèque de 100 € de compensation est proposé sous condition de ressources!

La transition économique des territoires, directement impactée par l’inflation, ne fait l’objet d’aucun investissement politique ambitieux.

Alors que le prix des engrais azotés a été multiplié par trois en un an, les politiques en matière de transition écologique restent arc-boutées à la « croissance verte » :

Des drones, des méthaniseurs, des gadgets numériques mais rien pour mettre à profit les départs en retraite massifs (près de la moitié des exploitants agricoles d’ici 10 ans), rien pour faciliter l’installation des jeunes en agriculture par une réforme foncière ambitieuse (plafonnement de la taille des exploitations, offices fonciers, bail de carrière, dissuasion fiscale de changement d’affection des sols…). Résultat, beaucoup d’entre eux paient au prix fort leur installation : RSA pendant des années, conditions de logement indignes, etc.

A quand un plan d’investissement massif pour accompagner une transition agraire impactée par l’évolution du climat qui soit fondée sur une agriculture durable fixant le carbone dans le sol ?

L’activité de consigne de la société AZADE

De même pour la distribution : alors que le prix des emballages et du verre explose (« les prix des emballages ont progressé de 30 à 40 % en moyenne. Dans le détail, il faudra compter sur des hausses comprises entre 12 et 15 % pour les emballages en verre, entre 30 à 40 % pour les caisses en carton, entre 20 et 50 % pour les plastiques, alors que les palettes se sont renchéries de 50 %, les colles et adhésifs de 30 %, l’aluminium de 15 %, les fûts en métal de 25 %. » ) , aucun soutien massif au développement de réseaux d’épicerie en vrac ou de recyclerie. Aucune aide et incitation fiscale au développement de la consigne en France dans la loi « climat et résilience ». Aucun soutien aux coopérations professionnelles qui prennent leur responsabilité maintenant dans les territoires. En revanche, une préférence publique pour le développement de la livraison à domicile, l’exploitation du travail des livreurs et livreuses.

Ce sont des logiques de massification, de flux tendu et de « juste à temps » qui aménagent le pays, avec le déploiement des « market places » comme Amazon, la concentration des flux de marchandises autour de HUBs portuaires (le Havre, Amsterdam) au prix d’une évolution exponentielle du fret routier, au détriment du ferroviaire et du maritime côtier. Comment s’étonner alors que les ports de la façade atlantique soient délaissés ou en déclin ?

Il est pourtant clair que la massification des flux par des porte-containers géants n’empêche nullement les ruptures d’approvisionnement et qu’elle est totalement antinomique avec la réduction drastique des émissions de GES dans laquelle nos sociétés doivent s’engager par un développement économique territorial plus résilient.

Tout comme la crise sanitaire et la crise environnementale, la forte inflation ne sera pas une parenthèse. Elle marque sans doute la fin de la mondialisation marchande, mais pas forcément celle de la globalisation économique. En attendant, nous sommes engagés dans une transition sauvage et elle est déjà très douloureuse pour bon nombre d’entre nous.

Il y a urgence à rejoindre les luttes et les initiatives de citoyenneté économique qui font face et répondent localement au défi climatique, aux inégalités, à l’accueil de migrants, à une liberté d’expression de plus en plus surveillée et menacée.

Soyons encore plus solidaires entre nous, mais aussi nettement plus ambitieux dans nos objectifs de transition, et nettement plus exigeants politiquement envers ceux qui sollicitent nos suffrages .

Prendre le problème par la racine : Coopération pour nourrir la transition économique, à partir de la semence.

La toute récente convention passée entre Graines de liberté – Hadoù ar frankiz et Terra Libra indique bien que l’on peut concevoir des filières professionnelles où la satisfaction d’un besoin ne se fait pas au détriment du travail et des métiers de celle ou celui qui tient à y répondre, ni de leur environnement. Ici, des femmes et des hommes qui sèment, élèvent, récoltent, trient, testent, stockent, ensachent, livrent des semences de variétés-populations, conseillent la clientèle et administrent ces initiatives.

Nous invitons les commerçant·e·s, associations, entreprises, particulier·e·s à participer au développement de cette filière; par la promotion et diffusion de ces semences variétés population, libre de droits, reproductibles cultivées en Bretagne par l’achat des graines disponibles chez Terra Libra :

02 99 37 14 00    contact@terralibra.fr

et à s’associer à la société coopérative d’intérêt collectif  Graines de Liberté – Hadoù ar frankiz  via l’achat de part sociales :

http://minga.net/wp-content/uploads/2021/10/Bulletin-seul-pour-site-V-2.pdf

convention terra libra GDL 2021

Soutenons le projet de coopérative « Graines de libertés – Hadoù ar frankiz ».

Valoriser les métiers qui coopèrent avec le vivant, c’est capital pour nourrir nos humanités!

Stéphanie Saliot – pépinière « des fruits des fleurs » – productrice de semences pour « Graines de liberté »

Depuis 2008, Minga s’engage pour le développement d’une alimentation nourricière qui soit accessible à tous, et parmi les leviers à activer d’urgence, le sujet des semences est vite apparu comme central.
Alors même que la culture de semences variétés populations participe activement à une lutte contre l’érosion de la biodiversité et la malbouffe, l’engagement professionnel des artisans semenciers relève trop souvent de la précarité.

Aujourd’hui, les professionnels et citoyens qui veulent en cultiver sont de plus en plus nombreux. Mais le métier d’artisan semencier reste trop peu valorisé pour répondre à la demande. Considérant ces semences comme un patrimoine culturel vivant ne relevant pas du droit de propriété, rétribuer ce travail sans en passer par un dépôt de titre de propriété privée, reste donc un défi.

Dans ce contexte Minga considère la création de « Graines de Liberté – Hadoù ar Frankiz », une coopérative semencière artisanale de l’Ouest Breton, comme un acte majeur d’intérêt général. En visant à rétribuer décemment le travail de production, de sélection, de recherche ainsi que la transmission des savoirs professionnels de semences de variétés populations, « Graines de Liberté – Hadoù ar Frankiz » refuse de faire du travail une variable d’ajustement. Cela nécessite que la coopérative soit dotée de fonds propres pour être en mesure de financer les besoins en trésorerie et d’améliorer déjà, dans un premier temps, les délais de paiement aux producteurs. Mais c’est une ambition qui ne peut être atteinte en comptant seulement sur le marché.
Pour « Graines de Liberté – Hadoù ar frankiz », ces semences sont un bien commun qui doit être accessible à la grande majorité des agriculteurs, jardiniers, pépiniéristes, restaurateurs, artisans et détaillants. Cela demande de porter l’ambition d’une gouvernance partagée pour aborder en profondeur les difficultés de la socialisation des moyens de production (outils, semences, capitaux) en lien avec les autres acteurs des territoires.

La promotion de semences de variétés populations et la reconnaissance du métier d’artisan semencier sont indissociables de la bataille contre les anciens et nouveaux OGM, contre l’artificialisation et la privatisation du vivant.
Parce que c’est un enjeu de territoire, le développement de la production de ces semences est aussi étroitement lié au renforcement des services public en milieu rural.
Parce que la semence de variétés populations est un bien commun qui nous permet de mieux comprendre notre rapport aux autres espèces vivantes, la promotion du métier d’artisan semencier a besoin d’une recherche publique indépendante.

Après s’être mobilisée dans les campagnes « Graines d’un Paris d’avenir » et « Graines d’une Bretagne d’avenir », et avoir soutenu la création du Syndicat des Artisans Semenciers, Minga invite donc désormais chacun d’entre vous à soutenir le lancement de la SCIC « Graines de Liberté – Hadoù ar frankiz », en relayant l’initiative auprès de vos connaissances, en commandant des graines, en rejoignant son réseau de partenaires en tant qu’artisan-semencier, en participant au financement de son capital, en s’y associant d’une manière ou d’une autre pour ne pas avoir à dépendre, demain, d’une alimentation sous contrôle des géants de la tech.

Pour soutenir « Graines de Liberté –  Hadoù ar frankiz » et financer le stock initial, c’est maintenant et c’est ici : https://www.helloasso.com/associations/graines-de-liberte-hadou-ar-frankiz/collectes/graines-de-liberte-hadou-ar-frankiz

 

Pour acheter des graines : télécharger le catalogue
Bulletin de pré-souscription pour devenir associé·e fondateur·trice
de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif
Graines de Liberté – Hadoù ar Frankiz

Azade, en avant toute vers la consigne !

Azade, grossiste en produits biologiques depuis 2011, et adhérant de Minga depuis 2016, a décidé de s’engager avec détermination dans la commercialisation de boissons aux bouteilles consignées, et le développement des filières qui vont de pair.

En quelques décennies, les emballages à usage unique ont proliféré dans notre pays au détriment de la consigne (à l’exception de l’Alsace) et si le recyclage du verre, c’est mieux que rien, ça reste énergivore. Selon le rapport de l’association Zero Waste et Reloop, le réemploi d’une bouteille de verre engendre une diminution de :
– 85 % des émissions de gaz à effet de serre comparé à son équivalent à usage unique ;
– 57 % par rapport à son équivalent en aluminium ;
– 70 % au regard de son équivalent en plastique (PET, polytéréphtalate d’éthylène).

Malgré l’enjeu que représente pour les collectivités locales la gestion des déchets sur les plans écologique et financier 1 (aggravé par les confinements successifs), et le souhait de plus en plus de citoyens de s’engager dans la réduction de leurs déchets, la volonté politique tarde à se traduire en actes, arguant explicitement de la difficulté de la grande distribution à s’adapter 2. De fait, les circuits longs de distribution construits depuis un demi-siècle par la grande distribution compliqueraient et renchériraient une éventuelle gestion de la consigne, ce qui entraînerait pour ces structures un désavantage concurrentiel face à des acteurs mieux relocalisés. Cependant, grâce au mouvement zéro déchet, incarné commercialement par le fort développement des épiceries vrac de proximité, les lignes sont en train de bouger.

Azade a démarré la gestion de la consigne il y a plusieurs années, en intégrant à son assortiment des boissons belges et, dans une moindre mesure, allemandes, ainsi que de l’eau alsacienne en bouteilles consignées. En Belgique, une incitation fiscale forte a permis le maintien à très grande échelle de la consigne, via des droits d’accises (impôt indirect perçu sur la consommation, parfois aussi le seul commerce de certains produits, en particulier le tabac, l’alcool et le pétrole et ses dérivés) sur toutes les boissons fortement majorés pour les entreprises faisant le choix de l’emballage à usage unique. En France, la taxe sur les emballages, dont les recettes financent le recyclage, et non le réemploi, reste dérisoire et n’a aucun impact incitatif réel.

La croissance des épiceries vrac, et leur demande spécifique pour des produits consignés, a récemment fait de la consigne un argument commercial, incitant tout un écosystème d’acteurs français à investir le sujet. Pour le rayon liquide, la consigne permet en effet une offre zéro déchet, avec zéro investissement (pas besoin de machines compliquées de distribution de vrac liquide), zéro risques du côté de la répression des fraudes (le produit est aussi bien conservé qu’en verre perdu, et la mesure du volume est faite en amont par le fabriquant), et la possibilité d’une profondeur de gamme attractive.

Le déploiement de la consigne en France est confronté à plusieurs obstacles de taille : non incitation fiscale au réemploi, taille du territoire, absence de matériel et de compétences en lavage chez les producteurs, chaînes de production réglées pour un emballage carton, et surtout absence d’économies d’échelle pour le démarrage, sans réel soutien des pouvoirs publics…
La solution mise en place pour les producteurs français a été le choix d’un système ouvert, où producteurs, distributeurs, détaillants et laveurs indépendants coopèrent, chacun assumant la responsabilité de la partie correspondant à son métier. Cela a permis de démarrer avec les plus motivés, sans attendre que tout le monde soit d’accord et prêt « en même temps ».

Plutôt que d’imposer un fonctionnement standardisé, Azade et ses partenaires se sont engagés dans un modèle horizontal de coopération où chacun peut continuer d’assumer ses choix économiques dans la diversité. Plutôt que de raisonner croissance déterritorialisée, intégration et économies d’échelle, la stratégie retenue par Azade est de penser son développement à partir d’un territoire régional, en l’occurrence un grand quart nord de la France comprenant les Hauts de France et l’Ile de France.

Les résultats arrivent rapidement. En à peine un mois, les ventes de lait bio en bouteille consignée ont atteint quatre fois le volume vendu auparavant en packs carton. Idem pour le vin : le lancement d’une gamme consignée en avril s’est traduit par plus de 1000 bouteilles vendues dès le premier mois. S’ouvre donc une dynamique de développement local important, qui ne repose pas sur la standardisation, mais sur une coopération de métiers, où chaque acteur assume sa part de responsabilité jusqu’au client final.

En savoir plus : https://www.azade.fr/bouteilles-en-reemploi/

1. [coût annuel pour les collectivités d’environ 11 milliards d’euros, dont environ 10% pour la gestion des emballages. https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/2019.09.12_la_consigne_impact_financier_pour_les_collectivites.pdf] title= »Retour à la note 1 dans le texte » href= »#ref1″>

2. [« Il y a de multiples acteurs et de multiples acheteurs en supermarché, contrairement aux hôtels et restaurants qui eux ne travaillent qu’avec quelques grossistes. On ne peut pas calquer ce modèle », rétorque la députée Aurore Bergé (député LREM rapporteuse de la loi « Climat ») en mars dernier https://reporterre.net/Generaliser-la-consigne-du-verre-Le-plus-tard-peut-etre-du-gouvernement]title= »Retour à la note 1 dans le texte » href= »#ref1″>